Caroline Lavergne . Artiste plasticienne
Photographe de formation, le fil domine aujourd’hui ma création à travers le tissage, le crochet, le tricot, la broderie. Un point, une trame, un jeté, une maille, une couture, ce fil parle d’intimité dans un dialogue avec la matière. Une intimité révélée, une intimité des corps, une intimité qui, par ses outils, revendique, dévoile et se livre.
L’intimité sort de la maison pour être montrée aux yeux de tous.
Travailler ce fil c’est aussi naviguer entre l’art et l’artisanat, entre l’art et la tradition.
C’est parler de transmission, de temporalité, de lien avec notre environnement. Ces « ouvrages de dames » passent alors dans la sphère artistique.
Broder, tricoter, tisser implique un temps d’exécution long et lent. Le temps est suspendu, le geste est répétitif, un esprit qui s’évade, des pensées qui se prennent au piège du fil. Avec son apprentissage, le geste devient automatique. La main exécute pendant que l’esprit s’échappe. Dans une sorte de transe, tous les repères temporels s’effacent.
Ce voyage dans l’intime se veut aussi léger et plein d’humour pour parler au plus grand nombre.